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CANAL DE CASTILLE - DE CASTILLA

Provinces de Palencia, Burgos et Valladolid

Espagne

Entre les XVIème et XVIIème siècles, l'Espagne rêve d'un plan canal. Finalement, il faudra attendre le XVIIIème pour que le marquis de la Ensenada propose à Fernando VI la construction d'un réseau de canaux de navigation et d'irrigation comportant quatre canaux. La province de Castille est le principal producteur de céréales. On rêve d'une "Ramal Norte" (Branche Nord) qui aboutisse à Santander, une ouverture vers la mer. Le 16 juillet 1753, à Calahorra de Ribas, les travaux de ce grand projet commencent, par la "Ramal de Campos" (Branche des Champs). Vers 1804, la guerre d'indépendance et les crises politique, économique et sociale forcent l'arrêt des travaux. Il faudra attendre 1849 pour voir l'achèvement de cette branche. En 1835 c'est au tour de la "Ramal del Sur" (Branche Sud) d'être achevée. Entre 1850-1860, plus de trois cent cinquante bateaux sillonnent l'intégralité du canal.
 

Je vous emmène découvrir l'intégralité de ce canal artificiel, long de 207 kilomètres, qui traverse les provinces de Palencia, Burgos et Valladolid, pour une dénivellation de 170 mètres. Le canal a une section trapézoïdale avec une largeur et profondeur variables selon les sections entre 11 et 22 mètres de large et 1.80 à 3 mètres de profondeur. Les écluses ovales permettent le passage de deux barges en même temps. Ses dimensions varient de 20 à 25 mètres de long sur 10 mètres de large. Les15 écluses construites au 19ème siècle sont rectangulaires 30 mètres de long par 5 mètres de large. "Les premiers bateaux destinés au transport de marchandises, sans propulsion autonome et à fond plat mesurent 15 pieds de large, 50 de long, transportent 800 boisseaux et ont 3,5 pieds." Extrait de : Un sueño de la razón - Raúl Guerra Garrido    

     
 
Dans la ville d'Alar del Rey, je découvre ma feuille de route : Un plan du canal. Durant trois jours, je vous invite à me suivre sur ces trois branches. Le temps n'est pas au beau, il faut dire que ce n'est pas l'été. Cela me permettra d'emprunter parfois, souvent, les chemins de halage. Avec un cabriolet cela est plus discret qu'avec un 4 x 4, mais plus périlleux. Parfois, à deux doigts de faire appel aux descendant des ânes qui tiraient les bateaux chargés de cinquante tonnes de fret.

La "Ramal Norte" (branche nord) débute dans le village d'Alar del Rey, sur un parcours de 75 kilomètres et 24 écluses. Cette branche rejoindra la branche des Champs et celle du Sud.

C'est ici, à Alar del Rey, que la rivière Pisuerga donne son eau au canal. Déclaré d’intérêt culturel en 1991, le site est laissé à l'abandon, excepté le pont qui enjambe la prise d'eau et le parc.
 
 
Un mur, à moitié démoli couvert de ronces, fait office de barrage. Deux vannes permettent de réguler le débit de l'eau à envoyer.
En contournant ce mur, foulant des hautes herbes, on aperçoit deux aqueducs enfouis dans des joncs. Ils aboutissent dans un canal alimentant le premier moulin de cet ouvrage.
 
 
Le moulin n'est plus qu'une ruine. Le toit laisse passer la pluie. Si rien n'est fait pour mettre en valeur le site, dans peu de temps, il sera inaccessible.
Longeant le canal d'alimentation, on arrive à l'endroit qui définit la naissance du canal. Un pont l'enjambe et de chaque côté deux guérites abritent le mécanisme pour réguler l'alimentation en eau.
 
 
Alar del Rey est né avec le canal et pour le canal. L'impressionnante darse, rappelle qu'ici le trafic était intense, au début du 19ème siècle, au regard des bâtiments préservés le long de celle-ci.
Sur la rive opposée, un entrepôt recouvert d'un toit végétalisé et accessible par trois petites ouvertures, permettant de conserver les denrées périssables lors des fortes chaleurs.Les céréales et farines castillanes y arrivaient pour être acheminées vers le nord et être expédiées vers les Amériques. Du port de Santander, on recevait du sucre, du café, du tabac, du rhum et d'autres produits importés
 
 
Des panneaux explicatifs ont eu le mérite d'exister un jour. Comme pour le canal le temps est passé par là, dommage.
     
 
Pour gagner la première écluse, Google maps donne la direction "calle Almacenes Primero" (rue Alacenes Primero). Très vite à la sortie du bourg d'Alar del Rey, le goudron fait place à la terre battue et aux nids de poule. Comme sur le canal du Midi, l'écluse est de forme ovale.
     
En amont de l'écluse, un canalet entraîne l'eau à des moulins ou à des centrales électriques, suivant les écluses.
 
 

Etant donné que la plupart des bâtiments ont été construits en terre et en brique, le temps, le manque d'entretien et les toits qui s'effondrent provoquent le délabrement des murs. Seules subsistent les pièces métalliques permettant toujours de réguler les débits.

Pour gagner la seconde écluse, j'emprunte le chemin de halage. Comme sur l'ensemble des trois branches une piste cyclable, en terre compactée, est aménagée. Sur la seconde écluse, un déversoir en amont récupère les eaux excédentaires,

 
 

pour les évacuer dans le bief inférieur par une échancrure taillée dans le bajoyer.

En aval de l'écluse, un pont en pierre de taille, permet à un chemin de campagne de relier les deux rives.

 

 

 

 
     
 
     

Quelques hectomètres en aval de l'écluse n° 3, une borne, haute d'environ un mètre, donne de nombreuses informations : CHD, canal de castilla, ramal norte, PK 5, je vous en laisse faire la traduction.

 
     
 
     
A la hauteur de l'écluse N° 4, la centrale électrique fonctionne toujours et la maison semble habitée, contrairement à celle de l'éclusier qui n'est plus que ruine.
 
 

Il est temps de quitter le chemin de halage, qui n'est plus praticable jusqu'à la jonction avec le río Pisuerga. Je ne pourrai découvrir les écluses N° 5 et 6 pourvues de nouvelles portes permettant, en saison, de naviguer.

Au kilomètre 8, le canal de Castille traverse sa rivière nourricière, le río Pisuerga, à Pressa de San André. Ici, un centre d'interprétation du canal accueille les touristes.

 
 

A bord du bateau "Marqués de la Ensenada", des navigations sont organisées en période estivale, permettant de remonter les écluses 5 et 6, réhabilitées.

Un pont suspendu permet aux piétons ou aux cyclotouristes de prolonger artificiellement le chemin de halage. En amont du confluent, un câble permettait aux chalands de traverser la rivière, en sécurité, en cas de crue. Il existe toujours, une barque y est reliée, pour modéliser la manœuvre.

 
 

Au XXème siècle, un autre travail hydraulique voyait le jour, le canal d'irrigation de Pisuerga, dont certaines sections sont parallèles au canal.

Les portes de garde d'Herrera de Pisuerga invitent à poursuivre notre route le long de la branche nord, une borne indique PK 10.

 
 

A proximité de Ventosa de Pisuerga se trouve la huitième écluse, jouxtée par un canal de dérivation afin d'alimenter un moulin à farine. C'est le premier a être construit en 1815, seuls ses quatre murs et la prise d'eau existent encore.

Le long du canal, à proximité des écluses, se trouvent de petites constructions, nommées "Arcas", en espagnol, qu'on pourrait traduire par vannes de décharge. A l'intérieur, un mécanisme permet de réguler le canal et d'irriguer les terres avoisinantes.

 
 

Je rencontre la première écluse double ovale, elles ne possèdent plus de porte, c'est l'écluse numéro N° 11 et 12, puis 1.400 kilomètre en aval se trouve l'écluse N° 13. De la maison de l'éclusier, il ne reste qu'un pan de mur. Seul, comme sur chaque écluse, le mécanisme permettant la circulation de l'eau est entretenu.

     
 

La construction de l'écluse 14, date d'environ 1770, cependant c'est la mieux conservée. Un gîte est aménagé dans l'ancien moulin.

 
 

Le pont de Carrecalzarda me permet de changer de rive pour continuer le chemin de halage.

     
 
     
 

Arrivé au pont-canal d'Albánades ou pont du Roi, je suis obligé de me rendre à l'évidence, je ne pourrai pas continuer par le chemin de halage. Le trottoir n'est pas assez large pour ma charrette. Pied à terre pour admirer ce pont à cinq arches, qui permet au canal de traverser la rivière Valdavia. Pas de possibilité de retourner, donc c'est une marche arrière sur deux kilomètres qui me sortira de ce piège.

J'en profite pour regarder quelques cigognes qui pêchent dans le canal de Pisuerga. Dans cet endroit, elles ont élu domicile en haut des clochers.

 
     
 
     
 

Les écluses N° 15 et 16 et quelques ponts sont inaccessibles d'après Google Map, je ne prends pas de risque de faire appel à un tracteur pour me sortir de là. Je me rends donc directement à Frómista, par la route sur l'écluse quadruple, N° 17, 18, 19 et 20, rachetant un dénivelé de 14.2 mètres. Surprise à cette saison, le bureau du tourisme est ouvert.

Le pont de la route nationale est construit dans les bajoyers de l'écluse N° 21, de Fromista. Plus de possibilité de remettre des portes à l'aval. Mais la continuité hydrologique, d'origine, est maintenue, par un captage sur le bief amont et acheminée par un aqueduc arrivant au travers du bajoyer.

 
 

Je remonte le lit de la rivière Ucieza, pour arriver au pont-canal de Val ou de Pina, avec ses trois arches en plein cintre.

Je gagne le chemin de halage et m'aperçois que celui-ci aurait été praticable et franchissable en voiture.

 
     
 
     
 

Je franchis le pont de Pina de Campo afin de changer de rive. Sa forme elliptique côté canal est accentuée pour le passage terrestre. Quelques kilomètres plus en aval, se trouve le pont d'Amusco, c'est la copie conforme de ce dernier.

     
 
     

Découvrir le canal, comme le ferait un marinier naviguant est un enchantement. Le côté touristique est laissé un peu de côté, mais à Amusco, surprise, les cigognes ont "squatté" l'intégralité de l'église. À proximité, l'étang de Besana, réserve faunique majeure de Palencia, leur sert de garde-manger.

 
 

Le parc naturel de Fuentes Carrionas et Fuente n'est pas loin à vol d'oiseau et en cette saison la neige est bien visible.

     
 
     

Au PK 74.4, le site de Ribas de Campos est grandiose. La triple écluse N° 22, 23 et 24, le mémorial du canal rappelle que les travaux entrepris le 16 juillet 1753 permirent en 1791 que les eaux du río Pisuerga se mélangent avec celles du fleuve Carrión. L'enchevêtrement de l'alimentation des écluses, du moulin et de la centrale électrique est surprenant.

 
     
 
Vue depuis l'amont   Vue depuis l'aval
 

Deux épanchoirs alimentés par les eaux du bief viennent remplir l'écluse, permettant la mise au niveau en douceur. Parallèlement au travers du bâti du pont, deux vannes permettent d'alimenter un bassin de rétention, qui régule l'eau pour le moulin à grain et la centrale électrique.

Au pied de cette échelle d'écluses, le canal croise la rivière Carrion qui alimente la branche des Champs.

 
 

Depuis l'arrêt de navigation, le canal s'est transformé en un gigantesque réseau d'irrigation, pour plus de 4 000 hectares entre Ribas de Campos et Palencia. Sur le canal de Castille, les anciennes portes de garde ont fait place à des vannes supprimant toute possibilité de navigation.

     
 
     

Une deuxième écluse de rétention permet d'alimenter la suite du canal. L'alimentation est en bon état contrairement à la maison du barragiste. Il faut dire que ce site, n'est pas classé "touristique", seul le chemin de halage y donne accès.

 
     
 

Le pont de Valdemudo fut un des premiers construits sur le canal, la fin de la construction est datée de 1754 réalisé par l'ingénieur Carlos Lemaur recruté sur le canal du Midi. Ce sera le dernier de la branche Nord.

     

J'arrive à la confluence des trois branches. Celle des Champs que nous allons découvrir est face à moi. Je reviendrai ici, au lieu-dit El Serrón, pour vous faire découvrir la branche du Sud.

     
 

La Ramal de Campos court sur 78 kilomètres avec seulement 7 écluses rattrapant très peu de dénivelé. Pour rentrer dans la ville de Villaumbrales, je franchis le premier pont de la branche des Champs.

     
 

Dans ce bourg, un ancien entrepôt, construit en 1799 dans une architecture simple combine, briques, torchis et colombage. Les armoiries royales de Charles IV, situées au-dessus de la porte principale, côté canal, est l’élément le plus important de cette bâtisse dite "Maison du Roi". Le jour de mon passage, Roberto, un passionné, m’accueille dans "son" musée. Il me le fait visiter, dans sa langue natale : l'espagnol.

 

M'étant documenté avant d'entreprendre ce parcours, j'avais retenu qu'ici, un chantier naval avait permis la construction et la réparation d'environ 400 bateaux. Autant le musée est un petit bijou, autant il est regrettable que les explications ne soient qu'en espagnol. Dehors, il me faudra vraiment chercher la cale sèche. Seules quelques pierres et vannes, perdues dans les herbes et buissons en indiquent le lieu.

     
 

De nombreux ponts enjambent le canal sur la branche des Champs.

 

A Paredes de Nava, un vaste entrepôt permettait l'échange des matériaux entre les villages environnants et les bateaux.

     
 

Durant le parcours, mes pas me conduisent sur des chemins tracés en dessous du canal. L’étanchéité n'est plus à son apogée.

     
 
     

A Abarca de Campos, le canal enjambe le río Valdeginate, par un pont-canal à trois arches. Ces rivières sont souvent de simple filet d'eau comme lors de mon passage, mais compte tenu de la hauteur des arches, elles peuvent être parfois de vrais torrents.

 
 

A Abarca de Campos se trouve la première écluse de la branche des Champs. L'ancienne usine de farine a cessé de fonctionner en 1979. Elle est transformée en restaurant avec possibilité de naviguer soit en pédalo soit en kayak. Cette branche du canal construit après la branche nord et à la reprise des travaux subit la réduction des coûts. Les écluses sont maintenant de forme rectangulaire. Elles n'acceptent plus que deux embarcations, contre quatre pour les écluses ovales.

J'emprunte le pont de Villarramiel pour rejoindre la ville afin d'y déguster "La Cecina de Leon", une IGP de viande de bœuf séchée.

 
 

A l'écluse N° 2, toujours le même spectacle, l'écluse ne sert plus que pour l'irrigation et les anciens bâtiments la jouxtant sont en ruine. En me remémorant les écluses passées, je n'ai vu aucun bollard. A cette écluse, je trouve la solution. Dans les bajoyers, des renfoncements recevaient des barres de fiche, une manière pour s'amarrer.

A Castil de Vela, j’aperçois une indigène. Je demande ma route pour gagner l'écluse N° 3 et 4. Celle-ci fait un pas en arrière : "Mais jamais vous ne pourrez y aller avec ça, montrant du doigt mon véhicule, vous allez vous embourber". Suite à son conseil, je me rends sur l'écluse N°5.

 
 

Celle-ci est l'une des dernières a avoir été construite. Les travaux reprendront en 1842 après les nombreuses interruptions.

     
 

Au côté de l'écluse N° 6, on peut encore voir les bâtiments de l'ancien moulin avec le canal de chute en parfait état. Ici les portes sont neuves, mais on n'a pas colmaté les fuites dans les bajoyers.

Non loin de la ville de Tamariz de Campos, le canal enjambe la rivière Sequillo par le pont-canal de Belmonte de Campos, construit en pierre de taille, à cinq arches.

 
 

Juste à l'écluse N° 7, la dernière de cette branche, le canal tourne à 90°. Une grande construction laisse penser toute l'importance que pouvait avoir ce moulin à proximité de Médina de Rioseco.

Un autre chemin très connu rejoint le canal ici, et il n'est pas rare d'y rencontrer des pèlerins munis de la coquille. La borne indique que nous sommes à 414 kilomètres de Saint Jacques de Compostelle.

 
 

Maintenant, le canal entre dans Medina de Rioseco, le bateau électrique "Antonio de Ulloa" est prêt pour vous faire naviguer.

Cette darse est la plus large avec ses 52 mètres, sur 332 mètres de long, bordée par de longs entrepôts vieux de plus de 100 ans.

 

 
 

A l'extrémité, la fabrique de farine San Antonio se visite encore de nos jours.

Ici se termine la branche des Champs, ce panneau indique aux passants l'histoire du "canal de Castilla".

 
     

Je reviens au lieu-dit El Serón, pour prendre à droite et gagner la branche Sud. Cette branche possède 18 écluses sur une distance de 54 kilomètres. La numérotation des écluses s'enchaîne sur celle de la branche Nord. Elle se terminera dans le bassin de Valladolid, avant de retrouver les eaux de la rivière Pisuerga.

     
 
     
 

La branche Sud débute par une échelle d'écluses triples, N° 25, 26 et 27. A la fin du siècle, 23 familles y vivaient et travaillaient, c'était la plus importante enclave industrielle de Castille.

La prise d'eau est importante, tout comme la chute générant suffisamment de force motrice pour ses quatre minoteries.

 
 

En continuant le chemin de halage sur 2.4 kilomètres, la double écluse N° 28 et 29, de Grijota s'offre à nos yeux, avec le remplissage en rive gauche par un aqueduc se déversant dans l'écluse.

Un peu plus loin j'arrive à l'écluse 30. La minoterie qui s'y trouvait avait tout simplement pris son nom : "Treinta"*, aujourd'hui elle s'appelle Casa Agua. * Treinta = Trente

 
 

Sur la branche des Champs, j'ai compris l'absence de bollard. Une autre question me vient à l'esprit : Comment et par quel principe ouvrait-on les portes d'écluse. Sur les écluses, les mieux préservées, nous retrouvons en amont des portes, de chaque côté, deux pierres entaillées et posées comme sur un socle ; soit quatre massifs. Il me faudra atteindre la dernière écluse de cette branche pour comprendre.

     
 

Non loin de la ville de Vinalta, se trouve une nouvelle double écluse, N° 31 et 32. En amont de l'écluse, en rive droite, un canal conduit de l'eau au moulin.

     

En rive gauche, un déversoir suivi d'une rigole, conduit l'eau excédentaire dans l'écluse, permettant au bief de rester à niveau suivant les besoins du moulin.

 
 

Il est temps de quitter l'écluse. Au PK 9.1, en rive gauche, une branche du canal pénètre jusque dans la ville de Palencia.

     
 

Comme dans les villes aux extrémités des branches, des quais ont été aménagés autour d'une très grande darse qui se termine en arc de cercle. Ils permettaient le chargement et le déchargement des marchandises transportées. (Farine, céréales, charbon, etc...). Autour de cette darse ont surgit des entrepôts, des maisons de travailleurs et des usines. Aujourd'hui un des entrepôts abrite le musée de l'eau.

     
 

A l'écluse N° 33, de Villamuriel de Ceratto, je retrouve les quatre entités à savoir : l'écluse, le pont au-dessus des portes aval, la maison éclusière et la fabrique de farine. Aujourd'hui on peut encore lire sur la façade : Harinas Villamuriel S.A.

     
 

Triple écluse de Soto Albrez : N° 34, 35 et 36 vue sur l'aval

 

Triple écluse de Soto Albrez : N° 34, 35 et 36 vue sur l'amont

La triple écluse N° 34, 35 et 36 de Soto Albrez a été construite en deux temps. L'écluse amont construite pendant la première phase des travaux du canal est de forme ovale. Puis les travaux sont stoppés, durant la guerre d'indépendance, dans le premier tiers du XIXème siècle. À la reprise du chantier, en 1831, on modifie la typologie des écluses pour les construire rectangulaires afin de faire une économie d'eau et de coût de construction. Cette écluse servira d'exemple pour celles construites plus tard sur la branche Sud, ainsi, comme je l'ai vu sur la branche des Champs.

 
 

Plus d'une fois, j'ai failli rester coincé en empruntant des chemins de terre, parfois embourbé, parfois posé, afin d’accéder au plus près à l'ensemble du canal, mais vous offrir cela n'a pas de prix. Merci à mon "4x4 cabriolet"

L'écluse N° 37 semble posséder encore son moulin et sa maison éclusière, mais en s'approchant il faut constater que toutes les huisseries ont disparu et qu'à l’intérieur les toitures ne sont plus étanches.

 
 

Neuf cents mètres plus loin, l'écluse N° 38 est bordée par la maison éclusière et l'ancien moulin. Comme sur beaucoup, les portes aval ont été déposées.

A Dueñas, l'ancienne route enjambe le canal par un pont. Lui est toujours en parfait état, hélas juste en amont un bâti en ciment muni de deux vannes permet la continuité hydraulique mais empêche toute future navigation.

 
 

À côté de l'écluse N° 40, le moulin n'a plus que quatre murs. Sur le fronton on peut y lire : "César Yllera - Fabrica de harina - Sisteme dayerio".

Le long du moulin, la roue à aube, presque intacte, entraînait les machines, le canal d'évacuation est aussi indemne.

 
     

Au pont de Palazuel commence l’appellation d'origine Cigales, connu pour ses vins rosés. La route des vins traverse les localités de Cabezón, Cigales, Corcos, Cubillas de Santa Marta, etc... Une destination oenotouristique pour visiter des points intéressants du canal.

 
 

Cigales est en quelque sorte le vin du canal, divers vignobles sont irrigués par son eau. Lors de la construction du canal les nombreux ouvriers recevaient en échange du travail accompli du vin. Le vin, les vignobles et les caves ont été présents tout au long de l'histoire du canal. Je l'ai dégusté mais avec modération !

L'écluse N° 41 jouxte un hôtel restaurant mais pour celui-ci, cet ouvrage n'a aucun intérêt touristique. Du reste la porte amont a été remplacée par une vanne centrale.

 
 

Le canal de dérivation qui permettait au moulin de fonctionner est préservé mais l'accès est quasi impossible.

Un panneau quelque peu défraîchi représente un éclusier au travail vers 1920. Et je comprends le système d'ouverture et fermeture des écluses.

 
 

La dernière écluse de la branche Sud N° 42 a été restaurée pour permettre au bateau promenade au départ de Valladolid de la franchir.

Sur cette écluse, le mécanisme d'ouverture et de fermeture, vu sur le panneau à l'écluse précédente, est construit en grandeur réelle. En amont de chaque porte, entre les deux blocs de pierre, un treuil est manœuvré à la main. Il permet d'enrouler une chaine dessus. Suivant le besoin d'ouverture ou de fermeture de la porte, un crochet fixé au bout de la chaîne est positionné différemment. Pour ouvrir, l'attache se trouve sur l'extrémité de la porte, il suffit de tirer. Pour la fermeture, un bras prolonge la porte au-dessus du plateau de l'écluse et fait levier. Ce système est inédit en France !

 
 

Je passe sur le dernier pont qui permet de franchir le canal avant Valladolid.

La fin du voyage approche, je longe les anciens magasins de la darse de Valladolid.

 
 

Certains sont reconvertis en restaurants d'autres en bars à la mode se servant des anciens engins de levage comme décors.

Une toile sur la façade d'un magasin rappelle l'activité du canal, il y a bien longtemps, entre 1875 et 1959.

 
 

Un déversoir rejette le trop plein d'eau, qui n'a servi ni à l'irrigation, ni au peu de navigation, dans la partie semi-circulaire de la darse.

L'eau rejaillit dans le parc du canal de Castille et poursuit sa route par un petit canal qui aboutit à un ancien moulin transformé en un somptueux hôtel.

 
 

Après avoir traversé, en souterrain un grand boulevard, l'eau retrouve la rivière Puisergua. On se souvient qu'elle était à l'origine du canal, à Alar del Rey. J'ai pris un réel plaisir à parcourir ce canal malgré le temps maussade. N'hésitez pas à le longer si vous passez par là.

     
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Janvier 2020
   
 
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